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Le blog de J.Q. Louison
12 avril 2016

Il n'y a pas de mal...

Lorsqu'on vous marche sur les pieds, vous avez une sensation de douleur, équivalente au poids qu'ils ont supporté et au temps que cela a duré. Vous cherchez instinctivement ce qui l'a provoquée. Si vous ne parvenez pas à en identifier l'origine, vous laissez passer et subissez en silence: il n'y a rien de concret contre lequel vous pouvez vous retourner. Mais si une voix s'élève: "Pardon, vraiment excusez-moi." Vous répondez automatiquement "Il n'y a pas de mal" ou "pas de souci". Vous en oubliez votre douleur devant le regard contrit de votre interlocuteur. Il n'y a que dans les cas extrêmes que les gens laissent éclater leur colère (parfois sans rapport avec l'acte commis) mais cela c'est une autre histoire. De manière générale on pardonne et on passe à autre chose.

Des êtres humains sont tués au cours de guerres, d'affrontements sanglants ou par des actes de barbarie. D'autres sont conduits à une mort affreuse (c'est ce que nous pensons) par des actes qu'ils ont posés et que la société a jugé juste de condamner.

Perdre un proche est une forme de souffrance qui dépasse bien sûr le simple fait qu'on vous marche sur les pieds. Comment se manifeste cette souffrance? Quelle est sa réalité?

Comment se manifeste la souffrance?

- Ressent-on quelque chose au niveau du coeur? Du ventre? Ne serait-ce pas les images qui défilent dans la tête? Toutes ces choses qu'on aurait pu faire avec cette personne, tout l'amour qu'on aurait pu lui donner et qu'on n'a pas eu le temps de lui donner...

- Ne serait-ce pas l'imagination qui vous travaille ici? Ne souffre t-on pas de l'idée qu'on se fait de cette mort?

Dans un premier exemple on voit la rapidité avec laquelle on oublie et dans un deuxième on voit la difficulté à oublier...

L'excuse dans le premier a déclenché la disparition de la souffrance;

Dans le deuxième la pensée et l'imagination entourant la perspective d'une souffrance, d'une douleur insupportables et irréparables ont modifié les réactions. La difficulté ou l'impossibilité d'obtenir des mots d'excuse ou de pardon pourraient expliquer que la douleur perdure.

C'est le mental qui constitue un frein à l'oubli et cela vient de nous.

Quelque soit l'amour que nous portons à nos proches, une fois qu'ils s'en sont allés, tout espoir de les revoir, du moins sur cette terre est perdu. Il se pourrait qu'ils nous voient et nous parlent (c'est un aspect à élucider), mais nous ne pourrons pas les toucher. Les rapports que nous entretiendrons avec eux ne seront plus jamais de la même nature.

Qu'est-ce que donc que la vie?

Pouvons-nous la palper? Nous pouvons palper un corps, le toucher, mais la vie, c'est avant tout une énergie. Tenons par exemple une coccinelle. Nous la sentons vibrer entre nos doigts. Tenons la main d'un être en vie. Elle peut être froide ou chaude, exprimant un degré d'énergie. Regardons le frémissement des herbes sous l'action du vent. Nous sentons la vie tout autour de nous; nous voyons l'expression de la vie dans la beauté, le mouvement qui anime tout, l'harmonie de la Nature. Certains lieux qui n'ont pas connu de transformation depuis des siècles ne sont plus habités par les mêmes âmes. Les habitants peuvent tout casser et recommencer à bâtir mais ils peuvent aussi vivre au milieu des ruines. Les anciens monuments rappellent que d'autres ont vécu ici et là, y ont travaillé, y ont manifesté l'action. Les nouveaux symbolisent le flot inextinguible de la vie.

Ce qui paraît impossible après une grande perte ne l'est plus avec le passage du temps. Lorsqu'après plusieurs années on essaie de raviver des souvenirs, ils restent troubles, comme si la personne, de l'autre côté, était passée à autre chose... Entre temps, d'autres l'ayant connue se sont aussi élevés...

La souffrance comme les personnalités sont fluctuantes, elles se fondent et disparaissent...

Les idées et les pensées, les effets de l'imagination et des croyances peuvent aussi bien provoquer la souffrance que l'annihiler.

De là à conclure que la souffrance n'a pas vraiment de substance; qu'elle n'est pas la réalité...

De là à dire que le mal n'a aucune existence propre... En somme c'est l'homme qui donne une réalité à la souffrance.

La souffrance, le mal, la vie, la mort sont comme des rêves et les rêves s'estompent... On peut toujours essayer d'en rassembler les morceaux au petit matin... pour leur donner un sens... Ce sera bien en vain...

 

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  • Partage de poèmes, réflexions d'ordre sociologique et spirituel de l'écrivaine française de science fiction J.Q. Louison. Auteur de la triologie "Le crocodile assassiné", de recueils, romans et oeuvres de recherche.
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