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Le blog de J.Q. Louison
30 janvier 2016

La petite fille et la mer

 Une petite fille de dix ans était assise sur un banc au bord de la mer. Les vagues venaient lécher le sable fin. Laura se demandait si ce n’était pas elle qu’elles venaient saluer. Elle les avait vues bouillonner au loin, puis ralentir et se présenter tout doucement à ses pieds. Cette mer ou cette portion de l’océan atlantique qui entourait sa commune de toutes parts ne recevait pas beaucoup de visiteurs. Tous les matins elle aimait s’y retrouver, s’asseyait sur le même banc, sous un arbre qui poussait presque dans l’eau.

 Laura avait entendu une foule d’histoires sur la mer ; on lui avait dit que sous la mer se trouvait un château où vivraient des princes et des princesses. On lui avait conseillé de compter sept fois pour apercevoir l’intérieur du palais. Elle l’avait fait, mais n’avait pas obtenu le résultat escompté. Par contre, la vue de la mer lui procurait le plus grand bienfait et cette image resterait dans son cœur, à jamais…

 Elle était partie, avait parcouru la terre, avide de découvrir, de connaître des modes de vie différents, des personnes différentes. A chaque fois, elle avait été émerveillée de découvrir la beauté de l’univers, la force et la puissance qui y résidaient; elle avait admiré la persévérance des hommes, leur opiniâtreté à suivre le courant irrésistible de la vie. Elle avait opté pour la simplicité, jouissant de tout sans rien posséder. Les grains de sable qu’elle avait tenus dans sa main et qu’elle avait vu glisser et se réintégrer sans peine dans leur milieu naturel lui avaient fait entrevoir l’inutilité de chercher à conserver, à s’approprier les choses…

 Laura avait aimé, s’était laissée aimer; elle n’avait pas trouvé dans la relation amoureuse le bonheur silencieux qu’elle avait éprouvé à rester là, au bord de l’eau, pendant plusieurs heures. Lorsque le soleil se levait sur l’île où elle était née, c’était le branle-bas, la baraque qui constituait le bureau du douanier s’animait, les boutiques environnantes s’ouvraient et le petit marché proche était envahi par des acheteurs venus de toute la commune…

 Bien  plus tard Laura avait pensé avoir trouvé un refuge en la famille qu’elle s’était formée, pour vivre autrement celle imaginaire, qu’on lui avait créée. Tous ceux qui en avaient fait partie étaient maintenant dispersés aux quatre coins du monde, comme son imagination qui avait erré aux quatre coins du monde. Maintenant, apaisée, elle contemplait la mer. Elle n’avait pas changé, elle ne changerait jamais. La nature est la même, elle voit passer des milliers et des milliers d’êtres, elle est signe de stabilité et lorsqu’on la cherche, on la trouve auprès d’elle…

 Laura comprit que ce que l’homme a en lui, il court à droite et à gauche pour le trouver. Sans doute la Nature est un enseignement en elle-même, mais celui qui est enseigné n’oublie jamais et s’enrichit au contraire, car le peu qui est en lui se développe et les fruits de la sagesse abondent en lui… Pour le bien de ceux qui cherchent…

 Laura n’eut plus besoin de retourner au bord de sa mer. Elle la portait en elle maintenant… Elle pouvait la faire apparaître quand elle le voulait...

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  • Partage de poèmes, réflexions d'ordre sociologique et spirituel de l'écrivaine française de science fiction J.Q. Louison. Auteur de la triologie "Le crocodile assassiné", de recueils, romans et oeuvres de recherche.
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